Interview with Biz (Loco Locass) Part 1
**I’ll do my best to explain the French as I go. I felt that it was important to the integrity of the interview to maintain the content in its original form. I apologize to those readers from the great state of Texas who can’t read French. To my anglo-Canadian audience, you have no excuse. We’ve been taking French since grade school and it’s an important part of our national identity—something we should all be proud of, so break out the dictionaries if necessary. You can find my introduction here**
There’s so much I don’t know about Loco Locass, and so much more to learn about Quebec, I figured I would start at the beginning. What does Loco Locass mean? Where are they from? How did they meet?
“Loco en espagnol, c’est « fou », puis locass en français, ça ne s’écrit pas comme ça mais ça veut dire bavard, ça veut dire qui parle beaucoup comme loco ici, c’est un mot qui veut dire… qui parle beaucoup. Puis loco, ça fait référence aussi à locomotive, locomotivum, le mouvement puis le fait d’être local aussi, qu’on parle beaucoup du Québec et de ce qui se passe au Québec. Donc, on a des problématiques locales, donc on est locaux aussi, on s’intéresse à ce qui se passe chez nous. Donc, ça fait un peu référence à tout ça, là, en fait.” he explained, essentially “Crazy Talkers” with a reference to both movement and the sense of being “local.” The word Locaux (the plural form of local) is phonetically similar to the Spanish word “Loco,” for those less familiar with French.
“Le fait aussi de mettre un terme espagnol, ça fait référence aussi au fait qu’on est préoccupé aussi par toute l’Amérique au complet, le continent américain aussi. C’est pas juste… Même si on est préoccupé par le Québec, on a une ouverture aussi sur le reste du monde.”
“Batlam, c’est un ami de Québec, c’est vraiment un très vieil ami du cégep, ou high school on dirait. On avait donc des amis communs, puis on se réunissait autour de la radio, on faisait de la radio au cégep. D’ailleurs, Loco Locass au début faisait une émission de radio au cégep puis très vite on a été très attiré par la langue, en fait l’écriture. Lui écrivait, moi aussi j’écrivais. Aussi on lisait beaucoup, puis on aimait beaucoup la littérature, la musique aussi. On écoutait du hip‑hop français puis graduellement, moi, j’avais le goût d’écrire des textes.” Biz said.
“Quand on a rencontré Chafiik par l’entremise d’un ami commun, on avait déjà quelques textes de faits. Lui nous a fait des musiques, on a dit : « okay parfait, on va faire un disque. »”
He and Batlam have known one another since high school and met up again because of a radio show they did in cegep (like a combination of community college and/or university prep), also called Loco Locass. By the time they met Chafiik through a common friend, Biz and Batlam had already written a few songs. Chafiik took care of the music part and they decided to make a CD.
The group itself formed a little over 10 years ago, so I wondered how things have changed over the years, as far as goals and vision for the group. Not a lot, apparently. The goal had always been to put out good music, with a distinctively Québécois accent. They wanted to give a voice to the issues that concerned them, namely the protection of the French language in Anglophone North America and the political independence of Quebec, all the while putting on a good show.
“La vision originale, je dirais qu’elle reste quand même assez intacte. Évidemment elle a pris plus d’ampleur, si tu veux, mais au début, là, ce qu’on voulait faire, c’était du rap en français mais vraiment québécois parce que nous, ce qu’on écoutait au début en `95, c’était du rap français de France. Il n’y avait pas vraiment beaucoup d’artistes qui le faisaient ici au Québec en français avec l’accent du Québec puis avec des problématiques du Québec. Donc, à partir de là, nous, ç’a toujours été de faire de la bonne musique avec l’accent québécois, puis de la musique originale puis des bonnes chansons qui parleraient du Québec, puis des préoccupations qu’on avait à l’époque c’était la langue française, l’importance de la langue française dans un contexte minoritaire en Amérique puis l’indépendance politique du Québec. Ça, c’était les deux fers de lance, je dirais, propres au début. Ça, c’est resté… Puis d’ailleurs, notre premier album, on l’a appelé Manifestif, qui est un peu le manifeste, la prise de position politique, puis « festif », ça veut dire à travers la fête, à travers le party, à travers le plaisir, en fait. Donc, dans nos chansons ou dans un spectacle, quand tu viens à un spectacle, il y a cette notion de fête, de plaisir, mais aussi la réflexion continue sur l’identité puis ce qui se passe au niveau socioéconomique et politique.
Je dirais que la vision d’origine, en fait, elle a… La mission, si tu veux, là, ça n’a pas évolué. C’est juste que ç’a pris beaucoup plus d’ampleur évidemment parce qu’au début on était dans l’est de Montréal puis on travaillait; personne ne savait qu’on faisait de la musique, mais plus personne ne voulait entendre parler de la souveraineté après le Référendum de ’95, puis le fait du rap, le rap ça n’existe pas au Québec, personne ne connaît ça, y’a personne qui va aimer ce qu’on fait, en fait.
Finalement, au début on a eu un succès médiatique. Les médias étaient très intéressés à nous parce que ça portait souvent les tuques en forme de fleur de lys. Donc ils disaient, il y a donc des jeunes qui s’intéressent à la politique dans une forme moderne avec du hip‑hop. C’est curieux, on va aller voir qui ils sont ces bêtes‑là. Ils se sont intéressés à nous. On a vendu à peu près 10 000 disques du premier album Manifestif. C’est quand on a fait l’Amour Oral, notre dernier disque, qu’on a eu un succès plus populaire, plus réparti à travers tout le Québec.” he recounted.
They were a novelty when they first came out in 1995 since no one wanted to talk about language issues or independence after the Referendum, but the media took an interest anyway. After all, here were young guys, trying to use hip-hop to discuss politics. The attention was nice and they sold 10, 000 albums, but it wasn’t until their 2nd album that they really took off.
In preparation for the interview, I decided to read through the lyrics of a few of their songs. The one that caught my eye was L’Empire du Pire en Pire. Being a Classics major, I appreciated the references to ancient Rome and the parallels drawn to the US. But in hearing him talk about his mindset, I realized that I would probably have hung out with him, had we gone to the same high school growing up. You’ll see what I mean in a moment.
“Dans l’Empire du Pire en Pire, on fait référence effectivement à l’empire romain. Moi, ç’a toujours été… j’ai toujours comparé les Américains aux Romains, moi, par ce que c’est une puissance. Tu sais, on parle de la domination des Américains en ce moment sur le monde, mais les Romains, faut pas oublier qu’ils ont contrôlé un empire qui est plus grand, en fait, que celui que les Américains contrôlent en ce moment, en imposant une langue, le latin, une culture, des architectures, des cirques romains. Tu sais, tu te promènes en France, même dans le sud de la France, y’a encore des colisées romains où il y a des corridas, ça fait plus que 2 000 ans que ç’a été construit, ça. Donc ils ont été vraiment impérialistes, en fait, militairement et aussi culturellement. Puis je trouvais qu’il y avait un parallèle à faire entre... Un empire ça se déploie, puis ça se construit, puis ça meurt aussi, toujours de la même façon. Moi, ce qui m’intéressait, c’était faire le parallèle entre les deux et donc de pouvoir aussi annoncer le déclin et éventuellement la mort de l’empire américain exactement comme on avait observé celui de l’empire romain. Les Romains ont construit plein de routes, en fait, qui ont permis d’aller envahir les Barbares. Mais après ça, pendant qu’ils étaient occupés avec du pain des jeux, ils étaient complètement décadents à la fin, les Romains, ils ne construisaient plus rien, ils allaient au cirque puis ils mangeaient gratuitement puis, pendant ce temps‑là, les Barbares ont envahi Rome – un peu ce qui s’est passé avec le 11 septembre, à savoir les Barbares sont entrés dans Rome. En ce moment, je trouve que les Américains sont très très décadents… À mon avis, c’est une nation qui est sur le déclin en ce moment, vraiment sur le déclin. Ça me faisait penser à l’empire romain, finalement.
Puis, dans une autre chanson aussi sur Amour Oral, qui s’appelle La bataille des murailles, j’ai écrit sur la… comparé le Sommet des Amériques, je sais pas si ça te dit quelque chose, ça. En 2001, à Québec, il y eu un grand sommet qui a réuni toutes les nations d’Amérique. Il y eu des grosses manifestations dans la Ville de Québec. Ça me faisait penser à… y’avait un périmètre de sécurité, y’avait les monarques qui étaient dans leur château. Ça faisait penser à l’époque médiévale avec un château, les paysans qui veulent se ramasser au château, y’a un combat entre… y’avait même des catapultes, ils lançaient des vraies catapultes. Moi, ça m’a toujours intéressé d’utiliser des analogies soit avec l’empire romain ou l’époque médiévale pour expliquer, en fait, que l’histoire humaine est toujours la même, souvent. Ça tombe toujours en… C’est toujours les mêmes grandes opérations, les mêmes grands trucs. Dans le cas de ces deux chansons‑là, c’est moi qui les ai écrites les deux, ça me préoccupe beaucoup, les analogies historiques, mais j’ai pas étudié en histoire ou quoi que ce soit, j’ai joué beaucoup à Dungeons & Dragons, alors je connais le nom des épées puis des armures. Ça me permet justement d’utiliser ça dans mes chansons. ” he said.
Yes, you read that correctly. Biz used to play Dungeons & Dragons. He had just as “geeky” a hobby as I did. Amazing the sorts of things y’hear, eh? Tomorrow I’ll resume this and we’ll get into a bit of politics and Biz’s take on Quebec. Til next time… Continue to part two.
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